Voici la sélection G4F Records des sorties musiques de jeux vidéo de janvier, février et mars 2023. Bonne écoute !
Ceci est une liste non exhaustive des sorties de musiques de jeux vidéo sans prétention de classement. C’est d’autant plus vrai que cette édition rassemble les trois premiers mois de l’année et ne représente donc qu’une infime partie des sorties musicales de la période.
On vous invite bien évidemment à découvrir d’autres nouvelles bandes sons qui feront votre bonheur ! 🙂
Bonne année 2023 ! Certes, nous sommes déjà en mai et cet article sera notre première sélection de musiques de jeux vidéo 2023. Soyons honnête, le temps passe à vitesse grand V et nous n’avons pas trouvé le temps de maintenir notre cadence mensuelle. Qu’à cela ne tienne, profitons de cette période printanière pour vous proposer une sélection des sorties musicales des 3 premiers mois de l’année. Et évidement, il y a de quoi se faire plaisir !
Message supplémentaire, cet article a été exceptionnellement écrit par plusieurs membres de l’équipe G4F, qui se sont gentiment prêtés au jeu pour nous permettre de finaliser cet article.
Season: A Letter to the Future, l’expérimentation musicale

Compositeur : Spencer Doran
Season: A Letter to the Future est un jeu d’aventure et d’exploration très narratif, développé par Scavengers Studio. Le jeu vous demandera de parcourir de vastes régions afin de rassembler les souvenirs de votre monde dans votre carnet, dans l’espoir de les transmettre aux générations futures. La bande originale du jeu a été composée par Spencer Doran, compositeur et sound designer. Nous le détaillerons ensuite, mais son travail sur Season, va bien au-delà de la composition musicale.
Spencer Doran n’est que peu habitué à la composition pour le jeu vidéo. Ses projets antérieurs comprennent plusieurs travaux de recherches musicales sur la musique et les ambiances sonores japonaises, mais aussi son duo de musique électronique “Visible Cloaks” avec Ryan Carlile. La page Bandcamp du groupe regorge de curiosités musicales, dans la veine de ce que l’on peut entendre dans Season. Un profil étonnant donc par rapport aux compositeurs d’autres productions, n’hésitez pas à vous rendre sur son site web sur lequel il répertorie plusieurs de ses interviews, l’occasion d’en apprendre un peu plus sur son travail.
Mais qu’en est-il de la musique de Season: A Letter to the Future ? Elle est incomparable, sans aucun doute.

L’immersion est totale grâce à l’implémentation musicale
La musique du jeu est foncièrement ambient. Cela se traduit par un soundscape composé d’une myriade d’instruments (piano, cordes pincées, celesta, music box, flûtes…), de synthés, le tout associé au sound design du jeu. Ce soundscape offre un mélange extrêmement immersif, entre musique intradiégétique et extradiégétique, entre instruments traditionnels et sound design.
L’équipe son du studio a utilisé Wwise (un moteur audio dédié à l’intégration des sons et des musiques dans le jeu vidéo) pour gérer toute la partie musicale. Cela crée un environnement musical dynamique qui vient superposer différentes couches musicales et sonores, en fonction des situations. L’ensemble se transforme en une expérimentation musicale assez unique, difficile à décrire, mais ô combien envoutante une fois en jeu.
Bien que le jeu soit disponible sur PlayStation et PC (Steam et Epic Games Store) depuis le 31 janvier 2023, la bande originale est disponible sur Bandcamp, Spotify, Apple Music, Youtube… À noter également le lancement des précommandes pour les éditions vinyles et CD, prévu pour l’automne 2023.
Octopath Traveler II, le JRPG old school

Compositeur : Yasunori Nishiki
Vous avez aimé Octopath Traveler ? Alors Octopath Traveler II va vous régaler ! SQUARE ENIX et Acquire reviennent 5 ans après le succès du premier opus, avec une formule similaire. Quelques nouveautés de gameplay et 8 personnages inédits sur une nouvelle carte viennent compléter les forces d’Octopath Traveler : les graphismes en HD-2D (pixel art 2D dans des environnements 3D, aux shaders très marqués), l’écriture toujours solide, et bien sûr la magnifique bande son composée par Yasunori Nishiki (Final Fantasy VII Remake, Octopath Traveler,..)
Parfois entraînante, souvent chargée en émotions et toujours épique, l’OST d’Octopath Traveler II est fidèle à l’héritage très fourni des musiques de JRPG : on y retrouve des influences d’entre autres Nobuo Uematsu (saga Final Fantasy, Super Smash Bros. Brawl…), Yoko Shinomura (Kingdom Hearts, Mario+Rabbids Sparks of Hope…), Keiichi Okabe (saga NieR)… Dans une interview pour Games Radar, Yasunori Nishiki explique que le concept du jeu est de créer un « bon vieux RPG avec des technologies modernes ».
Classique, efficace, envoûtante, la BO d’Octopath Traveler II ne prend pas de risques, sans pour autant tomber dans l’attendu. Chaque lieu et chaque personnage possède son propre thème musical, ce qui garde l’expérience fraîche, et permet de comprendre en détail ce qu’il se passe à l’écran. L’utilisation répétée de leitmotivs donne une identité précise à chaque élément du jeu.

131 tracks, ça laisse le droit à de légers écarts de style !
Tout comme dans l’opus de 2018, les phases de boss sont précédées d’une phase de transition. Cela a pour effet de faire monter la tension lors d’une cinématique, à la fin de laquelle une phrase musicale nous emporte du thème du personnage contrôlé à l’une des 3 musiques de combat de boss possibles. Un bel exemple d’implémentation de musique rondement mené !
Comme on peut s’y attendre pour un jeu de plus de 60h, certaines des 131 pistes de la bande originale se permettent un léger écart de style, comme A Sensational City (Night), dont l’ambiance jazz aurait tout aussi bien pu se retrouver dans le meilleur bar d’un jeu Yakuza.
Nous avons aimé le thème d’Osvald, qui commence avec un piano lourd et sombre, puis nous emporte sans qu’on s’en rende compte dans des violons clairs et remplis d’espoir teinté de mélancolie. Magnifique !
Les 6 disques composant la BO sont actuellement indisponibles en Europe sur le magasin de Square Enix pour la version physique, mais ils sont toujours disponibles en digital sur Amazon Music et iTunes Store. En attendant le retour des CD/Vinyles en physique, vous pouvez lire les analyses du compositeur sur
Tchia, la Nouvelle-Calédonie à l’honneur

Compositeur : John Robert Matz
Tchia est un charmant jeu d’aventure et d’exploration développé par Acaweb, qui nous permet de découvrir la culture de la Nouvelle-Calédonie aux côtés de Tchia, une jeune fille aux pouvoirs étonnants. Certaines phases de gameplay font écho à Zelda: Breath of the Wild, comme le fait de pouvoir escalader à peu près toutes les parois de l’environnement. Tchia est très reposant et l’interactivité que le jeu apporte avec son environnement est pour le moins poétique. Le fait de transférer son âme dans un oiseau, un crabe, un dauphin ou même un Vespa (oui, oui) offre une certaine liberté de mouvement et d’exploration au joueur.
La musique du jeu a été composé par John Robert Matz et le sound design quant à lui a été réalisé par le studio canadien A Shell In The Pit (nous avons pu parler de ce studio en août 2022 et avril 2022 pour I was a Teenage Exocolonist et Rogue Legacy 2).

De la musique faisant honneur à la culture locale
En plus de cette ingénieuse mécanique de transfert d’âme, le jeu propose également un ukulélé en instrument virtuel complet : cordes pincées, grattées, en cordes seules ou en accords (montants ou descendants !), piano ou forte, vous l’aurez compris, A Shell In The Pit a sorti le grand jeu. Sur Twitter, Em Halberstadt, directrice créative du studio, souligne le travail de Mauricio Ruiz, Gordon McGladdery et John Robert Matz : ce sont 1410 fichiers audio qui composent cet instrument, enregistrés, nettoyés et implémentés spécialement pour ce projet !
Afin d’être le plus fidèle possible à l’héritage culturel riche de la Nouvelle-Calédonie et de ses habitants, le compositeur John Robert Matz a utilisé des instruments virtuels créés pour l’occasion : le ukulélé bien sûr, mais aussi des percussions locales comme le tuyau pilonnant, tronc de bambou percé et frappé contre le sol, ou le bwanjep, percussion tonale fabriquée en écorce de figuier et remplie d’herbes et d’écorces. La musique de Tchia intègre aussi des chansons, dont les paroles écrites par Marilou Lopez-Aguilera sont chantées par des musiciens locaux de l’île.
La bande originale est disponible sur la majorité des plateformes dont notamment Bandcamp ou Spotify. Faites-vous plaisir !
Atomic Heart, de l’Acid à l’Opéra ?

Compositeurs : Various Artists
Atomic Heart, sorti le 21 février 2023, est le premier jeu du studio Mundfish fondé en 2017 à Moscou et basé aujourd’hui à Chypres. Si le jeu s’est tant fait attendre, c’est d’une part via ses nombreux trailers mystérieux qui abreuvent le net depuis 2017, mais aussi grâce à la promesse de Mick Gordon à la musique. Ce dernier est, entre autres, à la tête des OSTs de Doom (2016) et Doom: Eternal (2020), qui avaient fait trembler l’industrie à leur sortie.

Une pluralité de genres musicaux
Pour commencer, si vous êtes fan du travail de Mick Gordon dans les deux précédents jeux Doom, vous aurez effectivement plusieurs morceaux à vous mettre sous la dent. Exemple avec le titre «PT-1X12», qui accompagne le premier combat de boss massif du jeu. Mais aussi les titres «Arlekino» ou «Ya ne Casanova», qui sont à l’origine des chansons russes, datant pour la première des années 70’ et interprétée par Alla Pugacheva. La deuxième chanson provient des années 90’ et avait été composée par Vladimir Kouzmine. Ces dernières ont été remixées sur des guitares 8 cordes et de la double pédale pour coller aux scènes d’action du jeu. Cependant, vous serez surpris d’apprendre que ces titres n’ont PAS été composés par Mick Gordon mais par Geoffrey Day, alias GeoffPlaysGuitar..
Cet artiste compositeur a été sollicité pour composer plusieurs morceaux du même genre. Il a ainsi remixé certains classiques russes afin qui collent à l’univers ultraviolent et déjanté d’Atomic Heart. On peut aussi compter sur la présence d’Alex Terrible, le chanteur de Slaughter to Prevail qui interpréte la version gutturale d’«Arlekino».
Mais ça ne s’arrête pas là ! La pluralité des genres musicaux est une caractéristique d’Atomic Heart. On retrouve donc DVRST, pour les remix de «Komarovo», à l’origine interprété par Igor Skylar. L’artiste a proposé deux versions Phonk et une version Drum’n’Bass ! Mujuice aussi vient agrémenter la playlist avec son remix acid de «Kosil Jas’ Konjushinu» du groupe Pesniary, ainsi que d’autres remixes dans différents genres, toujours en lien avec la musique électronique. Tout ceci est disponible dans le Vol.1 de la bande son du jeu, aux côtés d’autres artistes tout aussi géniaux.
À quand le Vol. 2 ?
Le Vol.2 (qui à l’heure où nous écrivons ces lignes n’est pas encore disponible) devrait à priori contenir le reste de la bande son. D’un part, d’autres artistes ont participé à la création de certaines séquences, comme l’immense Boris Brejcha, dj producer d’un genre qu’il a lui-même catégorisé. D’autre part, il y a aussi des opéras tels que “la Flute Enchantée” ou “Carmen”, venu ponctuer quelques scènes d’actions. Enfin, il ne faut pas oublier les compositions de Mick Gordon, qui reste le compositeur attitré du jeu. Il a signé l’ensemble des morceaux que l’on peut entendre durant les cinématiques, scènes d’actions, ainsi que les affrontements face aux boss et les phases d’exploration.
En conclusion, l’OST nous offre un très large panel de sonorité et on en trouve pour tout les goûts. Du metal, de la drum’n’bass, de l’acid, de la musique classique, de l’opéra et même de la phonk, tout ou presque y est. On a parfois du mal à vouloir terminer un combat de peur que le morceau en cours ne s’arrête et on regrette presque d’achever un boss au bout de 5 min de combat intense avec le volume à fond (basé sur des faits réels). Le sound design n’est pas en reste, il se marie très bien avec la musique, les sons de destruction de robots sont jouissifs, et d’innombrables détails sonores sont très satisfaisants.
[BONUS] Deep Rock Galactic, rock and stone !

Compositeurs : Troels Jørgensen / Sophus Alf Agerbæk-Larsen
Deep Rock Galactic est un jeu de tir en équipe à la première personne développé par Ghost Ship Games, un studio danois fondé en 2016. Les joueurs incarnent une équipe de nains envoyés par une corporation pour exploiter les richesses des profondeurs de Hoxxes IV, une planète abondante en minéraux précieux mais qui abrite également une faune extrêmement hostile.
Équipés d’armes dévastatrices, les nains devront s’entraider pour survivre face aux hordes d’insectoïdes enragés, atteindre leur quota de minéraux imposé par l’entreprise, avant d’être autorisés à quitter la planète et fêter leur victoire autour d’une bière bien mousseuse.
La bande originale du jeu, ainsi que le sound design, ont été réalisé par le talentueux Troels Jørgensen, avec l’aide de Sophus Alf Agerbæk pour la composition. Inspiré par les réalisations de John Carpenter et The Thing plus particulièrement, Jørgensen donne vie aux intimidantes cavernes de Hoxxes IV avec un style électronique « dark synth », qui correspond parfaitement au setting sci-fi horreur du jeu, avec une variété qui favorise l’immersion quelle que soit la situation, car le jeu propose une sélection de morceaux qui joueront selon les évènements et la progression de la mission.

Rock and Stone !
Lors des phases d’exploration, on écoutera un morceau calme et sinistre, afin de nous aider à nous imprégner de la beauté envoûtante des profondeurs extra-terrestres.
Pour les moments de combat, on a droit à d’intenses morceaux d’action précédés d’un build-up palpitant, quand le centre de contrôle nous signale qu’une horde d’aliens se dirige vers notre position.
Enfin, quand l’heure est venue de terminer la mission, un morceau triomphal nous accompagnera pendant le chemin jusqu’à la capsule d’extraction
Jørgensen pousse davantage l’immersion grâce à un excellent sound design ; les voix des nains et des aliens résonnent et se réverbèrent dans les grottes, les ennemis font des sons intimidants et identifiables, permettant de reconnaître la menace avant de la voir, les armes sont satisfaisantes à écouter et sonnent différemment pour alerter qu’elles sont sur le point d’être vide ou bien de surchauffer.
Deep Rock Galactic, bien que disponible en accès anticipé depuis 2018, et l’ayant quitté le 13 mai 2020, continue de recevoir des mises à jour gratuites régulières, qui ajoutent encore du contenu. On ne peut qu’espérer entendre de nouvelles musiques de Jørgensen dans les prochaines versions du jeu. Les deux premiers volumes de la bande originale sont disponibles sur de nombreuses plateformes (Spotify, Steam…).